La Matière "Eau" en Danse : Un Voyage de Fluidité et de Conscientisation
L’eau, dans sa simplicité apparente, est une source de fascination et d’inspiration. Elle est à la fois omniprésente et insaisissable, incarnant un potentiel créatif extraordinaire. Les chorégraphes Pettit*Rochet se sont engagés dans une exploration de cette matière fluide, l’utilisant comme inducteur constitutif, interprétatif et créatif de leur démarche artistique. Leur travail transcende les frontières de la danse conventionnelle, en intégrant la fluidité de l’eau et ses dynamiques intrinsèques pour nourrir une écriture gestuelle sensorielle.
L’eau devient un point moteur dans la danse, offrant une métaphore puissante qui invite à une réflexion collective sur la nature même de notre existence. En s’inspirant des caractéristiques fondamentales de l’eau – sa capacité à couler, à se mouvoir, à s’adapter et à se transformer – Pettit*Rochet engagent les danseur·ses dans un processus d’auto-découverte, d’évolution et de transformation. Le geste dansé, alors, ne se limite pas à une simple représentation esthétique, mais devient une exploration de notre identité. Il s’agit de « se penser eau », une invitation à embrasser notre propre fluidité intérieure, à reconnaître l’eau dissimulée dans notre organisme et à laisser libre cours à son pouvoir générateur d’actions, de trajectoires et d’impulsions.
L’importance de la matière "eau" dans leur création repose sur un engagement inébranlable envers une pensée singulière : devenir fluidité. Leur approche pose la question : comment naviguer entre équilibre et déséquilibre ? Ce mouvement vers la fluidité incite à un état de conscientisation, qui se traduit par un corps engagé dans le présent, sensible à son environnement, capable de saisir les nuances du moment.
Les chorégraphes ont développé cinq principes fondateurs qui structurent leur méthode et guident cette exploration.
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La colonne vertébrale comme voie : Véritable axe de la gestuelle, la colonne vertébrale est perçue comme un conduit permettant d’initier chaque mouvement. Elle incarne l’idée de relier le haut et le bas, le corps et l’esprit, facilitant ainsi une circulation fluide de l’énergie.
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De la mobilité à l’instabilité des pieds : Dans cet espace de danse, les pieds ne sont pas simplement des points d’ancrage, mais des agents de mobilité. L’instabilité des pieds devient un outil pour explorer la notion d’engagement, de présence, et de réactivité face à l’environnement.
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Du centre à l’extérieur, de l’extérieur au centre : Ce principe illustre le va-et-vient incessant entre l’introspection et l’expression. En s’étendant vers l’extérieur, les danseur·ses apprennent à communiquer des émotions, tout en retenant la profondeur que leur centre leur apporte.
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Du mouvement respiratoire au mouvement dansé : La respiration se pose ainsi comme un fondement du mouvement, nourrissant chaque geste d'une vitalité intrinsèque. L’idée d’inspirer et d’expirer invite à une danse organique, rythmée par le souffle, où chaque mouvement trouve son élan dans le souffle de l'univers.
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Isolation, dissociation et fragmentation des différentes parties du corps : En faisant l’expérience d'une danse dans laquelle chaque membre possède une autonomie, les danseur·ses découvrent des possibilités infinies d’expression corporelle. Cette déconstruction des mouvements permet d’explorer de nouvelles connexions entre les différentes parties du corps, enrichissant chaque geste de subtilités insoupçonnées.
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Gestion de l’énergie au service d’une gestuelle ample, fulgurante et sensitive : À travers une compréhension affinée de l’énergie corporelle, les danseur·ses apprennent à moduler leur expressivité. Ce principe met l’accent sur la nécessité de créer des mouvements larges et enveloppants tout en préservant la réactivité et la sensibilité du corps face aux variations de l'environnement.
Pour Pettit*Rochet, la traversée du temps et de l’espace n’est pas simplement une question de distance ou de rythme, mais un voyage transcendant qui interroge les limites de soi. À travers la danse, l’eau devient autant le moyen que la fin, un support narratif permettant de questionner l’identité, la mémoire et la perception. La danse, grâce à la matérialité de l’eau, se transforme en un espace de rencontre fertile où l'art du mouvement se confronte à notre humanité collective, évoquant ainsi une communion spirituelle qui nous rappelle notre propre nature fluide.
En embrassant cette approche, Pettit*Rochet ouvrent la voie à une nouvelle réflexion sur la danse et son potentiel libérateur. Un voyage vers la fluidité, une question de devenir, de témoin et de participant à la beauté de l’éphémère. Au fond, cette exploration offre à chaque danseur·ses l’opportunité de s’inscrire dans un système de "conscientisation" fluide, de transmettre la richesse de leur expérience par le filtre de l’eau, cette matière si précieuse et polyvalente. Dans ce dialogue entre le corps, l’eau et l’espace, se dessine une poésie en mouvement, un hommage à la vie sous toutes ses formes.